L’appartenance à une secte est à considérer comme une des diverses formes d’addiction (dépendance). C’est l’équivalent d’une appétence contraignante, qui fait négliger tout le reste. Quand un adepte quitte une secte, il vit un moment douloureux de rupture ; il s’ensuit chez lui un sentiment de manque, de vide qui se double d’un vertige devant la redécouverte de l’autonomie qui s’offre à lui. On pourrait rapprocher cet état de celui du syndrome dit de Stockholm, d’autant plus que la secte ne manque pas de relancer sa victime en la culpabilisant et en la menaçant des pires catastrophes.
L'accompagnement
Devant de telles situations, un accompagnement s’impose : accompagnement par des bénévoles et des professionnels spécialistes (psychologues, juristes…). Bénévoles et professionnels doivent travailler ensemble et chacun doit avoir un rôle identifié pour une même stratégie. Il s’agit de faire comprendre au sujet que le fait de quitter la secte n’est pas aussi dangereux pour lui et son entourage que la secte a voulu le lui faire croire, et qu’il ne s’agit pas seulement de quitter, mais d’aller vers un état futur. Tout en accompagnant ce mouvement, il faut toujours avoir à l’esprit que l’histoire de la personne comporte deux phases : avant et pendant la secte.
Avant la secte elle avait acquis des compétences dans divers domaines, elle avait vécu dans une société ouverte, s’était construit une personnalité singulière, originale, qui justement s’oppose au mode de pensée unique des sectes. Il faut raviver le singulier au lieu du clone. Patiemment, sans stigmatiser « le temps sectaire » et même en respectant l’expérience faite dans la secte, il faut faire comprendre que ce que le sujet a vécu là n’est pas satisfaisant, qu’il a été « uniformisé ». Notons au passage que pour quelqu’un né dans la secte, l’acquisition de compétences ayant été pauvre, la possibilité de sortie est plus difficile – l’aide devra être constante. Quoi qu’il en soit, le travail d’accompagnement qui fera preuve de beaucoup d’humilité, est long et procède par petites touches sans prétention à l’instantanéité, encore qu’il faille être attentif aux « déclics » éventuels.
La question qui se pose est donc de donner une représentation de « l’après ». Le propre des sectes étant d’immobiliser le temps, il est nécessaire de réintroduire la notion de changement, la représentation du futur, alors que dans les sectes millénaristes, chez les Témoins de Jéhovah par exemple, la fin du monde est programmée, c’est le refus du vieillissement et parfois le blocage sur une date (Harmaguédon). La notion de temps comme cadre de vie, c’est une redécouverte.
Et enfin le maître mot sera sans doute la confiance : faire confiance à ces personnes et reconnaître leurs compétences et leur faculté à les enrichir. Il n’y a pas d’autonomie si il n’y a pas de confiance en soi.